La guerre les a meurtris dans leur chair. À l’heure où l’Amérique a débloqué une aide de 61 milliards de dollars, ils remontent au front, déterminés à se battre
C’est dans une école pulvérisée qu’ils reprennent des forces. Quand la Russie a attaqué l’Ukraine, Yegor n’avait que 18 ans, mais il n’a pas hésité à s’engager. Sept mois après, il saute sur une mine. L’explosion atteint ses deux jambes et un bras. Il stoppe lui-même les hémorragies grâce à trois tourniquets sur ses membres blessés. Aujourd’hui, sa prothèse, en carbone et titane, lui permet de courir, moins de marcher, surtout dans la boue. Au moment où l’armée peine à recruter, il dit que ceux qui ne sont pas faits pour la guerre pourraient creuser les tranchées. Quant à lui, la peur ne le quitte pas. Elle ne l’empêche pas de continuer à se battre.
Après son amputation, les médecins lui disent qu’il pourra rester à l’arrière. « Mais moi, je veux me venger », leur rétorque Yegor
Le capitaine Stass a coupé ce qu’il restait de son bras ballant avec un couteau suisse avant de le jeter. « J’ai honte parce que je ne peux pas me battre comme avant »
De notre envoyé spécial dans le Donbass Nicolas Delesalle
Le printemps fleurit derrière la fenêtre. Les bombardements incessants sur Kharkiv, le recul des forces ukrainiennes, tout paraît loin. Loin de Genia, qui n’a plus de jambes. Il est l’un des 20 000 blessés qui, chaque année depuis le début de la guerre, sont pris en charge dans les douze centres Recovery de la fondation de l’homme d’affaires Viktor Pintchouk. Quelque part au nord de Kiev, Genia se fait masser par Julia, physiothérapeute aux