Un demi-siècle après la Révolution, le monde artistique reste fortement hérité de l’Ancien Régime. Règnent en maître l’Académie, descendante de l’institution royale créée en 1648, et l’École des Beaux-Arts. Les deux institutions sont l’une après l’autre chargées d’organiser le Salon, seul lieu d’exposition public officiel, auquel ne peuvent participer que les artistes sélectionnés par un jury. Seule garantie d’y être admis sans réserve : devenir lauréat du prix du Rome, prestigieuse récompense qui existe depuis près de deux cents ans et que les élèves des Beaux-Arts se disputent chaque année. À la clé, un séjour de quelques années à la villa Médicis de Rome où perfectionner ses savoir-faire, mais surtout une carrière assurée, grâce aux commandes officielles de l’État qui puise traditionnellement dans les œuvres des heureux élus. « Ainsi s’organise un circuit : le Salon où l’on se révèle; analyse l’historien André Chastel. Son fonctionnement en vase clos permet ainsi le maintien de la tradition académique.
