Comme Orphée qui continua de chanter après sa mort, la rumeur de nos proches ne cesse de s’épancher après l’ultime douleur, ou à sa mère, c’est bien à nous tous qu’il s’adresse. Au sens musical, une suite est une succession de morceaux brefs qui peuvent faire alterner les cadences, les arguments, mais dont l’ensemble constitue un ensemble homogène. Ici, elle raconte une âme. Chacun des 99 quatrains qui la constituent, savant alliage de connaissance et d’harmonie, est la facette d’un cristal unique, d’un polyèdre de miroirs qui reflètent l’indicible Tout. Opérant la synthèse de la mythologie grecque, du taoïsme, du christianisme, le poète à l’écoute, ou peut-être voyant, ainsi que le préconisait Rimbaud, fait échec à l’idée même de néant. Quand nuitamment nous vient la voix d’un être cher depuis longtemps parti, écrit François Cheng, s’ouvre en nous une voie vive. La confrontation à la mort devient ici source de bonheur. Sur l’autre rive, l’errance s’achève. L’inquiétude disparaît. C’est le temps des retrouvailles avec le bruissement même de la vie. S’adressant à nos terreurs métaphysiques les plus intimes, François Cheng nous fait pressentir l’éternité.
Échec au néant
Mar 21, 2024
1 minute
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