Omniprésente, inévitable, l’intelligence artificielle nous fait passer par tous les états. Le sentiment de légèreté ou l’amusement éprouvés face aux deepfakes burlesques montrant le pape François en doudoune ou le président de la République Emmanuel Macron dans la peau d’un éboueur cèdent rapidement la place à l’inquiétude quand on réalise la puissance de ces outils et leur évolution fulgurante. Dernier exemple en date, les images pornographiques de la chanteuse américaine Taylor Swift, créées à partir d’IA et publiées sur le réseau X. De quoi alimenter la défiance vis-à-vis de l’IA en général, et dans le domaine de la photographie en particulier.
Des conditions et des questions
En avril 2023, le photographe allemand Boris Eldagsen, en refusant son prix lors de la cérémonie des Sony World Photography Awards (SWPA), à Londres, a marqué les esprits. Il révèle alors que le portrait qu’il a soumis au jury, primé dans la catégorie “Créative”, a été entièrement généré par une intelligence artificielle. Il justifie son intention en ces termes sur son blog : Il précise que . Le mot “prompt” renvoie aux phrases ou mots-clés que l’on renseigne dans le moteur de recherche d’un logiciel d’intelligence artificielle générative pour concevoir une image. Le photographe allemand a également mis en garde les organisateurs du concours, au vu de l’absence de commentaires de leur part et du retrait de son image de l’exposition, leur promettant des lendemains difficiles, lorsqu’il s’agira de faire la distinction entre un cliché des conditions de participation, à l’aune de cet épisode très médiatisé ? Nous avons contacté la World Photography Organisation, qui administre les SWPA, dont les prochains auront lieu au printemps 2024 :