Entré en soins palliatifs à la Maison médicale Jeanne-Garnier le 28 mai 2022, il s’éteindra en quelques semaines. Quelques semaines pendant lesquelles Nina Bouraoui va revivre des pans entiers de son passé et apprendre à. pourrait être un livre morbide, c’est un livre lumineux dans lequel la romancière fait revivre ce père algérien du temps de sa splendeur. Lui, qu’on appelait à Alger « Monsieur le Gouverneur ». Lui, son blouson en daim, sa chemise blanche, ses boots, et ses Peter Stuyvesant. Lui qui revenait toujours de ses mystérieux voyages les bras remplis de cadeaux. Lui, si séducteur et si charmant, qui avait accepté le plus naturellement du monde l’homosexualité de sa fille. Lui qui déclarait qu’il vivrait au moins jusqu’à 100 ans. Jusqu’au jour où le cancer s’était déclaré. Avait alors commencé la phase de déni de sa fille qui . Comment vivre alors sans ce héros qui, lorsqu’elle était enfant, lui enseignait les mathématiques, l’alphabet arabe et la nage papillon, fabriquait ses cannes à pêche avec des roseaux puis, plus tard, une fois celle-ci devenue écrivain, allait modifier l’étal des libraires pour mettre les livres de sa fille plus en avant ? Comment vivre sans celui auquel elle s’était identifiée si fortement ? C’est à toutes ces questions qu’elle cherche des réponses tandis que son père s’achemine inéluctablement vers la mort. Il y a une grande douceur dans ses pages, à l’image de ces soignants qui accompagnent les mourants et auxquels la romancière rend hommage. Roman sur la transmission, est un livre absolument bouleversant qui, malgré son sujet, ne cède jamais au pathos. Un livre pudique d’une sensibilité à fleur de peau.
Mon père, ce héros
Mar 03, 2024
1 minute
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