Une arrivée digne d’une star hollywoodienne des années 1940… Lorsque Miuccia Prada, accompagnée de son codirecteur artistique, le Belge Raf Simons, est entrée dans cette ancienne gare de Nanpu transformée par Jean Nouvel en musée, elle a déclenché une petite émeute, les journalistes se ruant sur elle pour la mitrailler de photos et l’assaillir de questions. Une Française manqua de défaillir quand le manteau-cape de l’Italienne la frôla tandis qu’une autre s’abîma longtemps dans la contemplation extatique de son chignon.
Dans le même temps, un Américain rappelait justement que les femmes ayant fait avancer la mode en inventant un style se comptaient sur les doigts d’une main : Gabrielle Chanel,, répondait aux questions d’une voix minuscule que nul micro ne venait amplifier car, selon son entourage, cela aurait été un crime de lèse-majesté… Miuccia Prada n’a pas besoin d’un portevoix pour se faire entendre. Si ses mots se méritent, son groupe parle pour elle : un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dollars en 2022, une mode oxymore où, depuis sa première collection, en 1988, le minimalisme le plus radical épouse le baroque le plus luxueux, vingt-quatre sites de production, six marques dont Miu Miu et Church’s, une fondation dédiée à l’art depuis 1993, un film qui porte son nom (, 2006), une équipe de voile de compétition, Luna Rossa, qui participe à l’America’s Cup… Et une renommée mondiale.
