LITTÉRATURE FRANÇAISE
Salvayre voit rouge
Depuis qu’on l’associe aux dictatures qui s’en sont servies, l’idéalisme a mauvaise presse, mais il garde quelques bons défenseurs. Ainsi Lydie Salvayre, poétique réhabilitation de la figure de Don Quichotte et de tous les irréalistes impénitents qui peinent à accepter le monde tel qu’il est. Elle récidive avec , libre éloge du repos dominical, qui tourne bientôt au panégyrique de la paresse, avant de virer en vitupérations contre ! Bref, la romancière poursuit son combat, mais contrairement à Quichotte, elle peut compter sur un contingent de forces spéciales : le procrastinateur Proust, l’anti-progrès Baudelaire, le fugueur Rimbaud, l’utopiste Fourier… Avec eux, elle rappelle que la paresse, qui ne se confond pas avec la glandouille assistée par algorithme, est une Que le travail n’est pas un mal en soi tant que l’on n’en fait pas une arme de déshumanisation massive et de destruction de l’environnement. Faut-il la taxer de naïveté quand l’état de la planète et celui de nos contemporains lui donnent raison ? D’autant que Lydie Salvayre garde assez d’humour pour se moquer de ses propres colères ou récapituler ses idées en joyeux slogans (). Son texte est quichottesque dans le meilleur sens du terme : on le commence en se disant qu’elle demande la lune, et l’on poursuit en se rappelant que celle-ci, après tout, n’est pas inatteignable.