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Venus CLUBS

’était tout le propos de l’ouverture du film réjouissant d’Ernst Lubitsch. Le réalisateur énumérait tous les faits d’armes masculins les plus glorieux, allant de la vie sauvage domptée dans la jungle à la conquête de l’espace, concluant pourtant qu’il subsistait un endroit où l’homme n’avait pas le droit de poser le pied ni même de jeter un regard… La caméra se tournant alors vers l’immuable . Poussant la logique britanniques réservés aux hommes d’affaires, conspirant le cigare à la bouche. Elle fonde alors The University Women’s Club, un espace qui existe encore, où s’organisent workshops, débats, événements politiques… Avec, sur place, des salles de réunion, un restaurant et même des chambres. Plus récemment, Beth Greenacre (ancienne curatrice de la collection David Bowie) a souhaité créer, dans la capitale londonienne, The AllBright, un club inauguré en 2018, dans le quartier de Bloomsbury, là où Virginia Woolf écrivait l’importance d’avoir une chambre à soi. Créatives et femmes artistes s’y retrouvent pour échanger, créer, dîner, ou s’offrir des manucures et des couleurs au salon de beauté in situ. Elle confie : “Les femmes créatives sont encore aujourd’hui plus challengées que les hommes. J’ai voulu faire un endroit où les jeunes artistes puissent transgresser les barrières sans jugement.” Un besoin de liberté et d’entre-soi bienveillant qui gagne aussi la France. À Paris, MONA est un lieu de rencontre pour la communauté féminine, où l’on croise aussi bien l’autrice Morgane Ortin, qui anime des ateliers d’écriture, que Juliana Dorso, qui expose ses toiles engagées mettant en lumière la jeunesse de Mayotte. Leur manifeste stipulant : “Plus nous serons nombreuses, plus nous seront fortes. Chaque mois, de nouveaux projets seront soutenus. Mona se construit avec nous toutes.” Une envie également de s’affirmer et d’exister sans danger. Que l’on retrouve dans la démarche de Stencia, Sephora Haze et Marian Benenge a l’initiative des soirées brûlantes non mixtes nommées P3. Le dernier opus avait lieu le 18 février dernier au Pamela, donnant l’occasion aux femmes de danser, twerker, habillées comme bon leur semble, sans risque de gestes inappropriés ou de regards lourds. Des safe places qui se démocratisent aussi dans le domaine du bien-être et de la santé. On pense notamment à Heimat by Waris Diris qui a été inauguré en 2023, à Paris. Entre les murs de l’ancien musée Dapper consacré à l’art africain, cette salle de sport accessible uniquement aux femmes permet de suivre des cours de boxe ou de fitness, de s’entraîner avec un coach, de siroter un smoothie ou de s’offrir des œuvres d’art d’artistes féminines dont les ventes reviennent à une fondation luttant contre l’excision. Plus spécialisée, à Lille, La Maison des Doulas a ouvert en janvier 2024 et propose aux femmes des accompagnements pré et post-partum, des soins et des conseils juridiques. Tandis que dans le 9e arrondissement de Paris, Gynécée convoque le savoir-faire d’une armée d’experts dont l’approche à 360 degrés permet de parler de post-partum, de s’offrir un massage ou de suivre les conseils d’une naturopathe. Ses fondatrices Camille Boursier et Salomé Brial précisent : “Nous souhaitions sensibiliser les femmes à l’importance de prendre soin d’elles. Le tout dans un espace sécurisant. Les accompagner de la puberté à la ménopause en passant par la maternité ou les troubles de la fertilité. Le statut de femme induit énormément d’injonctions : être indépendante et disponible pour les autres, allier vie pro et perso, devenir mère et rester femme… Il peut être difficile pour chacune de trouver l’équilibre.” De quoi donner matière à réflexion.

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