Vous affirmez que la philosophie ne fait pas de progrès, contrairement aux autres domaines de la connaissance. Pourquoi ?
Ce n’est pas une affirmation péremptoire, c’est un constat. En mathématiques, en astronomie, dans les sciences exactes et dans les sciences dures, comme en médecine ou en génétique, nous avons fait des progrès considérables et nous progressons encore. En revanche, en philosophie, nous ne sommes pas meilleurs ni plus compétents aujourd’hui qu’à l’époque de Platon. En cela, l’histoire des idées ressemble à l’histoire de l’art : ce n’est pas une histoire linéaire. Sinon Debussy serait meilleur que Wagner qui serait meilleur que Mozart. Chaque artiste, comme dit Proust, est un cataclysme nouveau. La philosophie, c’est exactement la même chose. Chaque philosophe revisite des questions