POUR L’INSTANT, il n’est pas le Kasparov de la philosophie. Le 14 juin dernier, Raphaël Enthoven s’opposait à ChatGPT sur une épreuve du baccalauréat, avec pour thème « Le bonheur est-il affaire de raison ? ». Devant les caméras, l’agrégé obtint 20, la machine un « médiocre » 11. Bravache, il affirma que les philosophes seraient l’une des dernières professions à être remplacées par l’intelligence artificielle (IA). Dans L’Esprit artificiel, Raphaël Enthoven développe son propos et assure qu’en philosophie, l’IA « ne sert absolument à rien ». Pour lui, nos peurs que cette technologie échappe à son créateur en disent moins sur le progrès technique que sur notre vieux fantasme de nous prendre pour Dieu.
Longtemps, la philosophie s’est interrogée sur le propre de l’homme, c’est-à-dire ce qui distingue notre espèce des animaux. Mais aujourd’hui, on s’interroge plus encore sur ce qui nous différencie de la machine…
Et pourtant, c’est la même question ! Dans le Platon se représente deux obstacles au goût de connaître, deux états également stériles : l’ignorance complète et la science achevée. D’un côté, l’ignorant ignore qu’il ignore, et ne cherche donc pas à savoir ; de l’autre le savant, sachant qu’il sait, n’a lui non plus aucun goût pour l’apprentissage. Entre les deux se trouve l’homme, c’est-à-dire le philosophe, qui sait qu’il ignore, et qui, en vertu de ce savoir minimal, développe le désir d’apprendre. Ces deux