Vanity Fair France

À corps joie

PORTRAITS

Quand American Gigolo sort en 1980, le film de Paul Schrader fait sensation. Sublime dans ses tenues signées Giorgio Armani, un jeune Richard Gere fait commerce de ses charmes auprès des ladies huppées de Los Angeles. Rarement la figure du tapin au masculin s’était ainsi invitée sur le grand écran – on songera, plus tard, à la mélancolique version gay de My Own Private Idaho signée Gus Van Sant, avec le duo incandescent composé par River Phoenix et Keanu Reeves. Les femmes vivant de leurs charmes, elles, ont eu droit aux écrans dès la naissance du cinéma, ou presque : Joan Crawford dans Grand Hôtel (1932), Simone Signoret dans Casque d’or (1952), ou encore Jeanne Moreau dans Eva (1962), Monica Vitti, Fanny Ardant, Marine Vacth, Catherine Deneuve, Julia Roberts, Marion Cotillard... Sous l’objectif de réalisateurs quasiment tous masculins. Et si Ruben Alves est bel et bien un homme, sa série Escort Boys a renversé les codes. Sur un présupposé – le besoin d’argent – rappelant la comédie à succès The Full Monthy de 1997, le réalisateur dépasse le stade du spectacle de striptease au masculin pour toucher au cœur du sujet : le sexe tarifé. À l’heure du porno en ligne et de l’autoentreprise classée X façon OnlyFans, il place quatre garçons sur le devant de la scène, et invite des clientes pas comme les autres – de la grande bourgeoise à la boulangère fan de bondage japonais – à payer l’addition. On y croise des James Bond girls – Carole Bouquet, Caterina Murino –, la reine Amanda Lear, la pétulante Rossy de Palma, les lumineuses Pascale Arbillot et Kelly Rutherford ou encore la fabuleuse Zahia Dehar. L’occasion était trop belle pour les interroger sur le désir, la nudité, ou la représentation des corps, dans un monde où l’infinie solitude le dispute à l’hyperconnexion.

Comment avez-vous rejoint cette série ?

J’étais descendue à l’Hôtel des académies et des arts à Paris, et la responsable m’a invitée à un vernissage où j’ai croisé Ruben Alves. Il m’a dit : « On fait un film à Arles, si tu veux nous rejoindre... » J’étais un peu distraite par sa beauté. Qu’est-ce que tu veux faire ? C’est une vraie proposition ? Tu

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