’il a monopolisé, du XVIIIe au XIXe siècle, l’imaginaire des Européens et notamment celui des artistes et des écrivains, l’Orient attire encore de nos jours. Son extravagance a la capacitérendre contemporain, il faut juste en extrapoler les fondements esthétiques. Agrandir ses motifs ou ses ornements, composer des patchworks flamboyants, accumuler des « turqueries » en métal ou en céramique… comme dans un cabinet de curiosités halluciné. Cette ambiance a aussi le pouvoir merveilleux de nous emmener en pensée dans une balade olfactive convoquant des notes voluptueuses de myrrhe, d’ambre, de vanille et d’agrumes. L’agence d’architecture Dimorestudio a ainsi imaginé une nouvelle version de l’Orient-Express, ce train reliant Paris à Constantinople dès 1919, au décor extraordinairement luxueux réalisé par René Prou et René Lalique. Des codes à s’approprier pour obtenir une ambiance de boudoir flamboyant où se dévoilent des couleurs profondes (pourpre, ocre, prune, indigo et vert émeraude) mariées à des matières nobles, toujours accompagnées de senteurs épicées. Sous l’apparence d’un joyeux bazar, rien n’est laissé au hasard, grâce à un de velours, de jacquards, de brocarts, de soieries, d’acajous laqués, de laiton, mais également de papiers peints aux motifs tropicaux. L’ensemble est traversé de tons précieux et de faux noirs rehaussés de touches dorées. Rien n’est figé, tout est sujet à réinterprétation, et c’est dans cette dynamique créative que l’âme d’un lieu se révèle enchanteresse. Dans la mode aussi, un total look aux accents exotiques captivera plus par sa sophistication que par une fidélité sage au folklore. Aujourd’hui, la marque Farm Rio ose des détails brodés et de la passementerie ancienne sur des vêtements de ski. Décoration ou mode, l’Orient convient bien à l’insatiabilité d’un collectionneur veillant mille et une nuits.
