ommissaire de « Monnaies et merveilles », Bérénice Goeffroy-Schneiter a mitonné un univers hors norme où se télescopent harmonieusement codes et échelles, matériaux et zones géographiques. explique l’historienne de l’art. Envoûté par le pouvoir hypnotique d’objets rarissimes semés dans les une monnaie de Papouasie-Nouvelle-Guinée faite de matières organiques et de pigments; elle représente un masque tressé – esprit ou ancêtre – troqué contre des filets de pêche, de la nourriture, du tabac… On y admire de même des tissus précieux, « poire pour la soif » des femmes nomades ainsi que de mignons billets miniatures sud-américains achetés pour rêver d’en avoir de vrais dans l’année. S’invite enfin un brin de magie avec ces monnaies talismaniques destinées à conjurer le sort. Ainsi, la Monnaie de Paris nous raconte le commerce, les rituels, les liens entre les peuples au cours des siècles. Mais aussi la dimension subjective de pièces d’origine lointaine, d’autant plus prestigieuses et convoitées qu’elles passeront de main en main, ou qu’elles seront nimbées de merveilleux et de sacré. Brouillant rôle financier et spirituel, cet ensemble ethnographique dévoile sa fantastique séduction sculpturale et artistique, nous faisant parfois regretter nos échanges dématérialisés. Prêtés par des collectionneurs privés et des musées, en plus de l’éblouissement qu’ils procurent, ces trésors ont le mérite de confronter nos coutumes à celles d’autres peuples aux valeurs et aux échanges très raffinés.
