Américain d’origine russe, Gary Shteyngart est un spécialiste de la satire à la new-yorkaise, qui carbure aux paradoxes et aux références branchées. À son meilleur, il y ajoute et son héros affligé de parents si bien formés à toutes les magouilles en Russie communiste qu’ils sont devenus millionnaires en Amérique! Quand il est moins inspiré, ses romans ressemblent à des spectacles comiques écrits – tel Le dernier, mêle ces deux manières. En pleine période covid, Sacha, double de l’auteur, invite ses amis à se confiner avec lui dans une munie d’annexes. Voici donc Karen, millionnaire des nouvelles technologies d’origine coréenne; Ed, fils de famille désinvolte; Vinod, ami d’enfance et ex de Karen; Dee, jeune essayiste; Macha, psy et épouse de Sacha; Nat, leur fille adoptive – et puis l’Acteur, qui, avec sa beauté et sa célébrité, va mettre ce petit monde en ébullition. Il y aura des coucheries, des tromperies, des saouleries, des fâcheries; un vieux mensonge refera surface dans le terrier d’une marmotte (mais oui)… On rit, mais on se dit aussi que Shteyngart tente de nous faire passer un grand sketch pour un roman. Jusqu’à ce que le virus s’invite. Alors, ces grands enfants gâtés se redécouvrent mortels et Shteyngart déploie un autre registre – toujours comique, mais plus surprenant, presque psychédélique – pour raconter sa version de la montée au Paradis. Et toute sa satire se retrouve tirée vers le haut.
