Bruno Bonnell voit loin. Tellement loin qu’un bout d’astéroïde noir charbon trône sur sa table de travail. Cela fait deux ans pile-poil qu’il a été nommé à la tête du secrétariat général pour l’investissement, une structure qui dépend de Matignon chargée de mettre en musique le vaste plan France 2030: 54 milliards d’euros d’argent public pour inventer l’industrie de demain dans des secteurs aussi stratégiques que le nucléaire, l’hydrogène, le quantique, l’intelligence artificielle (IA) ou les biomédicaments. Un « job de rêve », défend celui qui, dans une autre vie, a été l’un des pionniers d’Internet et des jeux vidéo en France avec Infogrames. Sans langue de bois, il dénonce la mollesse de la modération des contenus sur les réseaux sociaux, suggère d’interdire TikTok, tacle Bruxelles sur le trop-plein de régulation dans l’IA et affirme ne pas vouloir céder aux chantages des multinationales avec leurs promesses de giga-usines.
France 2030, ce sont 54 milliards d’euros mis sur la table il y a deux ans par le gouvernement. Certaines voix commencent à dénoncer la lenteur de l’allocation des fonds. Que leur répondez-vous?
Vous ne pouvez pas comparer France 2030 avec, par exemple, le plan de relance post-Covid qui fut ce que j’appellerais un « plan guichet ». En gros, vous faisiez un dossier, et