La veille de notre départ, les “Bonne chance !” et “Bon courage !” lancés par Guy L’Hospital, mon rédacteur en chef adjoint préféré, ou Sylvain Cambier, notre responsable du convoyage, me laissent assez dubitative. Avouez que ce n’est pas très rassurant… Pourtant, un 10 000 km en voiture électrique, ce n’est pas un coup d’essai à la rédaction. Pas plus loin qu’en septembre, Cyril Biotteau est revenu convaincu de son expérience en Volkswagen ID.3, à la nuance près que devoir débourser la bagatelle de 55 000 € pour une compacte polyvalente fait grincer des dents. L’an dernier, Guy avait plutôt salué les progrès réalisés par la Mégane E-Tech, et, en remontant plus loin dans nos archives, nos road trips en Bretagne en Audi Q4 ou encore un Oslo-Paris en Porsche Taycan n’avaient pas tourné à l’enfer. Mais là, à voir leurs mines déconfites – Guy a passé un mauvais week-end, il n’a pas pu effectuer le tour du Cotentin auquel il aspirait –, je crains de revivre ma première expérience d’un Paris-Deauville en Renault Fluence. Pourtant, je vous parle d’un temps… Désormais, les voitures chargent vite, sur des bornes rapides elles aussi, et le réseau de distribution s’est étoffé. Alors quoi ? Pourquoi y aurait-il un loup ? Tout simplement parce que les caractéristiques d’un Avenger ne sont pas celles d’une Taycan ni même d’une ID.3. Une batterie de 51 kWh utiles, ce n’est pas 77 kWh, encore moins 84 kWh. L’Avenger charge certes assez rapidement, mais la nuance se situe dans le “assez”. Il encaisse jusqu’à 100 kW sur courant continu, pas 170 kW comme la Volkswagen ni 250 kW comme la Porsche. Il n’est pas facturé le même prix non plus ! En prime, Jeep vient d’abaisser ses tarifs. Oui, mais tout est relatif. Notre compagnon de route coûte quand même plus de 40 000 € : une “jolie” somme ! C’est aussi cher, voire plus que le nouveau Volvo EX30 de 272 ch, doté d’une batterie de 64 kWh. Inutile de tourner autour du pot : les voitures électriques sont chères, très chères même. Le Gouvernement a beau multiplier les coups de pouce, à la louche, pour un modèle de taille et prestations comparables, c’est 30 % de plus.
“L’ABSENCE DE PLANIFICATEUR DE TRAJET EMBARQUÉ EST UN VRAI HANDICAP POUR ENVISAGER DES TRAJETS AUTRES QUE CEUX DU QUOTIDIEN.”
Guy L’Hospital
La question du jour est là : peut-on espérer un minimum de polyvalence d’un SUV urbain électrique vendu 40 000 € ?
Ou l’engin n’est-il qu’une Renault Zoe haute sur pattes ? Combien faut-il finalement débourser pour pouvoir à la fois emmener les enfants à l’école en semaine et partir en vacances ? Il fut en évoquant sa Clio. Aujourd’hui, avec une électrique, c’est plutôt Ces questions ne se posaient plus avec les moteurs thermiques : une citadine assure les mêmes prestations qu’une berline familiale. Bien sûr, une Mercedes Classe S est plus spacieuse, plus confortable, mieux équipée, plus puissante, plus tout qu’une Renault Clio. Mais celle-ci vous amène à destination dans les mêmes conditions : le réservoir est plus petit, mais la consommation plus basse compense, et tout le monde est sur un pied d’égalité à la pompe. Là, à écouter mes camarades, ce n’est pas la même histoire en Avenger ou en ID.3.
