A moins d’un an de l’élection présidentielle, l’Amérique est à la fois hébétée, stressée et sur ses gardes, anticipant, impuissante, l’échéance de 2024 comme l’on se prépare à l’arrivée d’un ouragan. Pour cette Amérique historiquement si confiante en elle-même, en ses vertus, en sa vocation universelle, plus rien ne semble sûr. Le temps est aux doutes.
Doute sur la nation américaine et sa vocation. L’Amérique relit d’un oeil scrupuleux siècle et sa cruauté proche du génocide, l’histoire patriotique des pionniers portés par la conquête, mélange de démocratie et de violence. Tout cela se heurte à la mémoire de la honte de l’esclavage et d’un capitalisme longtemps prédateur. Emerge le récit d’une « l’éveil », face à celui du droit de conquête des Blancs sur la terre, c’est la formule de la « destinée manifeste du peuple américain que de se répandre sur le continent » qui dotera l’Amérique d’une vocation universelle autorisant toutes les barbaries, édifiant ainsi le mythe d’un peuple élu. Ce pays uni par cette mission semble appartenir au passé, il y a désormais plusieurs nations (1) américaines qui n’ont plus grand-chose à se dire.