Grâce à la diplomatie qatarie, ils ont pu revoir leurs proches après deux ans de séparation. Nous étions dans l’avion qui les a ramenés à la maison
L’émotion des retrouvailles réchauffe la nuit glaciale. Cela fait déjà six heures que la soldate guette ses filles. Elles avaient 10, 15 et 17 ans la dernière fois qu’elle les a embrassées. Puis elles sont restées avec son second mari, à Krasnovka, un petit village de cette région de Donetsk où a éclaté l’insurrection prorusse en 2014. À notre reporter qui, dans l’avion, leur demandait si elles n’étaient pas angoissées à l’idée de retrouver la guerre, Olga, Tatiana et Veronika ont répondu qu’elles avaient l’habitude. L’important était de ne plus être séparées de leur mère. Alors que la Russie souffre d’un cruel déficit de naissances qui lui fait perdre près d’un million de ressortissants chaque année, quelque 20 000 mineurs ukrainiens, tombés dans son escarcelle, sont un trésor. Pour la déportation de ces enfants, Vladimir Poutine est accusé de crime de guerre.
Un voyage aux allures d’odyssée pour, enfin, s’étreindre
De notre envoyée spéciale à Kiev Manon Quérouil-Bruneel, avec Vlada Krassilnikova (à Moscou et Minsk)
La scène ressemble à l’une de ces boules à neige que l’on secoue pour faire pleuvoir la féerie de Noël. Sur la place Rouge emmitouflée de blanc, un petit groupe se serre devant la cathédrale Saint-Basile-le-Bienheureux. Des touristes comme les autres, ne seraient ces sourires inquiets qui affleurent sous les bonnets en laine, semblant demander : « Et