Le débat s’en va et revient, au gré des faits divers. Im manquablement, il passionne et embarrasse. Lors du bal de Crépol (Drôme) du 18 novembre, au cours duquel le jeune Thomas Perotto a été poignardé mortellement, 9 témoins sur 104 disent avoir entendu des propos « hostiles aux Blancs », a révélé le procureur de la République de Valence dans un communiqué. Dans ses premières mises en examen, le parquet ne retient pour autant pas le racisme comme une circonstance aggravante du meurtre. Signe qu’à ses yeux, les premiers éléments de l’enquête laissent imaginer une motivation de l’acte tout autre.
La machine à controverse est lancée. Le racisme antiBlancs déconcerte, car il bouleverse notre vision de la haine discriminatoire. Dans ce cas, la victime ne fait pas partie d’une communauté historiquement stigmatisée, elle est visée pour son appartenance à la partie majoritaire de la population française. « Débat piégé en 2022. De longue date, l’extrême droite instrumentalise l’idée d’une guerre larvée menée aux « Français de souche » ; Eric Zemmour parle de « francocide ». A l’inverse, certains sociologues dénient toute validité au concept. « Estce qu’on a besoin d’appeler ça du racisme quand bien même on me dirait “sale Blanc” ? », contestait Eric Fassin, chercheur à ParisVIII, sur France Culture, en 2018. Selon cet universitaire, « le racisme antiBlancs n’existe pas pour les sciences sociales », faute de discriminations touchant ce groupe ethnique. Et pour les juges ? Les actions pé na les ont un « succès limité », euphémise Mathias Möschel, professeur associé à l’Université d’Europe centrale, à Vienne, et auteur d’un article sur « la construction juridique de la notion de racisme antiblancs en France », en 2022. Le chercheur a recensé une poignée de condamnations sur ce motif ; dans de nombreux cas, les juges hésitent à reconnaître la circonstance aggravante de racisme antiBlancs.