Vous avez tous les trois vécu une reconversion professionnelle réussie. Qui commence ?
Aurore Devillard : Je représente la cinquième génération de la famille aux commandes de plusieurs domaines en Bourgogne. Le château de Chamirey à Mercurey, le domaine des Perdrix en côte de Nuits et le domaine de la Ferté à Givry. Avant de rejoindre ma famille, il y a vingt ans, j’étais dans la cosmétique. En 2002, la mort de ma mère a été un tsunami dans ma vie. Les domaines et l’activité viticole viennent du côté maternel. Jusque-là, je ne m’étais jamais posé la question de savoir si je reprendrais son activité. Après sa disparition, j’ai eu envie de retrouver mes racines. J’avais 30 ans. J’ai repris des études, à Dijon, sans savoir exactement ce que j’avais envie de faire et puis j’ai rejoint mon père et mon frère. C’est comme ça que nous avons commencé à travailler ensemble.
Sara Lecompte-Cuvelier : Je suis gérante des propriétés bordelaises de ma famille, situées dans le Médoc. Le château Le Crock en appellation saint-estèphe et le château Léoville-Poyferré, second grand cru classé en 1855, à Saint-Julien. Je suis de la troisième génération. Didier Cuvelier, mon cousin, s’est occupé de la propriété pendant quarante ans. Quand il a voulu partir à la retraite en 2015, son fils n’avait ni l’âge, ni vraiment envie de travailler dans le vin. Il n’y avait personne dans la famille pour reprendre. Moi, j’avais 47 ans, j’habitais Lyon, je travaillais dans les ressources humaines. Pour moi, le Médoc, c’était un lieu de vacances et le vin, c’était du plaisir. Je n’envisageais pas d’en faire un métier.
Moi, j’ai commencé ma vie professionnelle à la Croix-Rouge avant de partir dans la Silicon Valley, qui à l’époque était un grand désert, pour créer une société qui faisait de la recherche dans l’imagerie informatique. Huit ans après, je suis revenu en France. J’ai travaillé sur des chantiers parce qu’il fallait gagner sa vie. C’est ce qui m’a conduit à créer avec deux amis un cabinet d’architecture de bureaux qui est devenu l’un des