Envoyée spéciale(Artsakh)
C’est une salle de classe aux murs défraîchis qui lui sert désormais de maison. Liana, 41 ans, y a été installée avec les siens au début du mois d’octobre par la municipalité de Masis, bourgade de 22 000 habitants située à quelques kilomètres d’Erevan, la capitale de l’Arménie. L’air grave, le regard triste, cette attachée culturelle se tient droite au milieu de la pièce inondée de soleil dans laquelle dix couchages ont été dressés. Posée sur un réchaud, une marmite bouillonne en prévision du déjeuner. Sur une étagère trônent une icône de la Sainte Famille et un livre de prières, uniques objets emportés à la hâte le 25 septembre dernier lorsque la mère de famille a été chassée de Stepanakert par les Azéris. Une journée cauchemardesque. « Le matin, alors que je distribuais de la nourriture dans les locaux d’une association d’aide alimentaire, j’ai entendu une forte détonation, se souvient-elle. Elle apprendra par la suite qu’il s’agissait de l’explosion du dépôt de carburant dans lequel étaient venus s’approvisionner les civils fuyant l’arrivée des troupes azerbaïdjanaises, provoquant la mort de 170 d’entre eux. , poursuit-elle.