PROFESSEUR À PRINCETON (New Jersey), le Britannico-Américain né en Ecosse Angus Deaton, qui a reçu le prix Nobel d’économie en 2015, est mondialement connu pour son travail mené avec sa femme, Anne Case, elle aussi économiste, sur les « morts de désespoir ». Ils sont en effet les premiers à avoir alerté l’opinion sur la croissance, depuis les années 1990, du nombre de suicides ou de décès dus à l’alcoolisme et à la consommation de drogues, un phénomène affectant à l’origine principalement la classe ouvrière blanche. Dans Economics in America : An Immigrant Economist Explores the Land of Inequality, qu’il publie le 3 octobre, Deaton raconte son parcours d’immigrant, sa rencontre avec la riche mais inégalitaire Amérique, et les vices et vertus du métier d’économiste.
Vos premiers travaux ont porté sur la consommation, puis vous vous êtes intéressé aux inégalités et, aujourd’hui, à la santé. Comment expliquez-vous ce parcours ?
La plus grande partie de mon travail, aujourd’hui, porte en effet sur la santé, par exemple sur les « morts de désespoir », que j’ai analysées avec ma femme, Anne Case. Le fil rouge de mes recherches, c’est le bien-être individuel. La consommation, l’épargne en font partie. J’ai travaillé aussi sur le bonheur. La santé y a pleinement sa place. Je suis un empiriste, d’où mon intérêt pour ces