Elie Top
ORFÈVRE DE L’OPULENCE
Il a la dégaine de Clark Gable, mais ce n’est pas cette allure de dandy cool au regard malicieux qui fait sa légende parisienne. Le Tout-Paris ne parle que de ses bijoux. La rue aussi. La collection qu’Elie Top a dessinée l’an passé pour Zara a immédiatement été épuisée. Ce bestiaire brillant, baroque, extravagant, d’abeilles et de tournesols a balayé d’un coup de collier l’épure, le minimalisme qui s’était établi aux cous comme une modernité contemporaine.
Elie Top est d’origine flamande. Il vient d’un Nord où l’on s’ennuie beaucoup, alors contre le spleen de l’enfance, il dessinait des châteaux, des forteresses, des cathédrales gothiques. C’est resté : ses bijoux sont d’une complexité de, explique-t-il. Et il les dessine toujours au crayon. Elie Top ne s’imaginait pas joaillier, mais couturier. Il a fait ses études à l’École de la Chambre syndicale de la couture parisienne, puis rejoint le studio de Yves Saint Laurent. Il a formé son goût auprès du maître : C’est Loulou de La Falaise qui aiguise son goût pour les bijoux. Pendant plusieurs années, il créera tous les accessoires d’Alber Elbaz chez Lanvin, mais l’envie et le besoin d’avoir en main de belles pierres, de sculpter les ors nobles prend le pas, et il crée, en 2015, sa maison. Là, dans son studio, écrin chic et moderniste, on remarque tout de suite des empilements de livres sur son bureau. Sa culture du bijou est aussi grande et notoire que son style, et l’histoire imprègne ses créations qui mêlent passé, présent et futur. Dans son bestiaire Elie Top s’attaque à un motif iconique de la joaillerie, le serpent. En boutons de manchettes, en boucles d’oreilles ou en bagues, il lui restitue toute son animalité par des corps et des queues en argent platine qui s’enroulent et des yeux animés en diamant jonquille. La bague double doigt crocodile a, pour sa part, des écailles articulées et il s’est inspiré pour elles des pavés parisiens.