édric Kahn ressuscite le militant et bandit à la plume d’écrivain via un impressionnant film de procès. “Je suis né de l’ombre, je suis né dans l’ombre et mon désir fut longtemps qu’on ne m’arrache, écrit en prison, en 1975, où il avait commencé à purger sa peine à perpétuité pour des braquages, dont il reconnut être l’auteur, et le meurtre de deux pharmaciennes, qu’il nia. Destinée à clamer son innocence, sa prose magnétique atteint son but, car des personnalités prirent son parti. Si bien qu’un second procès eut lieu, dont il sortit libre. C’est ce que raconte le réalisateur dans son nouveau film, . Mise en scène épurée: “Juste la parole puisque c’est de cela qu’il s’agit, y compris quand il y a manipulation”, commente-t-il. Dans le rôle de l’accusé, Arieh Worthalter, et dans celui de son avocat Georges Kiejman, Arthur Harari. Durant deux heures, dans le huis clos d’un tribunal bondé, on plonge en l’an 1976, où les conservateurs et les racistes affrontent les minorités victimes de délit de faciès et de violences policières. Ce qui fait écho avec notre époque. “C’était la justice des Blancs. Quand les témoins noirs, amis antillais de Goldman, sont à la barre, on le ressent. Cette binarité, on ne l’a pas inventée, elle était là”, confirme Kahn. Au-delà du contexte juridique et de la complexité de l’affaire, il a tenu à souligner la personnalité romanesque de Pierre Goldman, demi-frère de Jean-Jacques (qui assista au procès, ému): “Il savait formidablement se raconter, et j’ai essayé de transmettre sa langue et son esprit.” Ce qui fait de lui l’une des grandes figures de la gauche française, d’autant plus après son assassinat, en septembre 1979, en pleine rue – dont on ne connaît toujours pas les auteurs. Son enterrement rassembla 15 000 admirateurs. Et aujourd’hui, le mythe pourrait bien renaître.
le procès: PIERRE GOLDMAN
Oct 04, 2023
1 minute
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