Edmée et Jacques Jourda avaient donné leur corps à la science. Mais ce temple parisien de l’anatomie était devenu une boucherie indigne. La journaliste Anne Jouan raconte ce scandale dans « Le charnier de la République »
Par Caroline Mangez
Buchenwald, son cauchemar, Jacques Jourda, alias « Jacquemin », commandant des Forces françaises de l’intérieur, préférait, sauf de rares confidences à son petit-fils Maxime, ne pas en parler. Juif mais athée, socialiste convaincu, républicain et patriote forcené, c’est à ces convictions qu’il devait d’avoir su s’évader du stalag 5A, puis des camps de concentration, et d’avoir su aussi se taire quand les nervis de la Gestapo de la rue de la Pompe lui ont infligé le supplice de la baignoire, en 1944. Jamais ces collabos, aux procès desquels il irait plus tard témoigner, n’ont su qu’il avait dirigé le bureau de liaison des Mouvements unis de Résistance. Encore moins qu’il avait épousé, en 1939, Edmée Kahn, alias « Hélène » dans la clandestinité. Après la guerre, leur vie a repris son cours. Entre deux séjours de vacances à