L’actrice espagnole favorite d’Almodovar investit Le Bon Marché à Paris dans un numéro exubérant et une exposition haute en couleur
lé ! C’est sa façon à elle de dire bonjour. D’ailleurs, chaque fois que l’artiste entre dans une pièce, éprouve un sentiment de bonheur, prend la parole sur les réseaux sociaux, elle lance à tout va « ce cri de joie, ce cri de fête et du partage ». Il faut dire qu’avec Rossy de Palma, la viearrondissement de Paris. Écrivains, réalisateurs, chorégraphes, créateurs de mode : Rossy de Palma est l’icône espagnole chérie des Frenchies : Amanda Sthers a écrit la comédie « Madame » pour elle. Jean Paul Gauthier a fait ses adieux à la mode à son bras. Le chorégraphe Benjamin Millepied lui a offert le rôle hypnotique de la danseuse dans son premier long-métrage, « Carmen ». Visage de la nouvelle campagne Saint Laurent, Rossy est aussi l’un des membres, plébiscité par les spectateurs, du jury de Drag Race France, l’émission de télé-réalité de France 2. Avec son physique cubiste et sa personnalité fantasque, l’oiseau rebelle de 59 ans n’a pas attendu #MeToo pour défendre la sororité, s’offrir un destin féministe et une carrière artistique intensément libre. Enfant de la balle, la petite fille de Palma de Majorque s’est toujours sentie artiste. « Quand j’avais 6 ans, j’écrivais déjà de la poésie, des textes. La poésie est la mère de tous les arts. » À 19 ans, sans diplôme en poche, elle quitte son île des Baléares. « Je suis arrivée à Madrid dans les années 1980, avec mon groupe de musique post-punk Peor impossible. C’était la grande époque de la movida. J’ai rencontré Pedro Almodovar qui venait de finir “Dans les ténèbres”. J’allais voir ses films, il assistait à nos concerts. On sortait. Comme je dis toujours : on était des nouilles dans le même bouillon. » Le réalisateur offre à celle qui deviendra son actrice fétiche son premier rôle et sa première heure de gloire avec « La loi du désir », qui marque le début d’une foisonnante collaboration artistique : « Femmes au bord de la crise de nerfs » ou « La fleur de mon secret ». Malgré le succès, elle ne se cantonne pas dans les rôles de son mentor. « J’aime toutes les disciplines, chanter, danser, performer… Mais le cinéma, pour moi, c’est avant tout une aventure humaine, une aventure d’équipe. Alors que le théâtre, c’est un refuge sacré, une magie spéciale, une expérience incroyablement addictive », souligne-t-elle. Dans la lignée de son premier show au Piccolo Teatro à Milan, l’artiste joue à guichets fermés sur la scène du Bon Marché. Une Rossy comme on ne l’avait jamais vue : « J’ai imaginé un amuse-bouche poétique, une sorte de performance dadaïste. » Rejet de la raison, des convenances, esprit mutin, extravagance… Qu’elle traite son sac à main, surnommé Froufrou, comme un petit chien, distille ses leçons d’amour, ou fasse de l’art de porter des talons hauts un sketch jubilatoire, Rossy a bien mérité son étiquette « dadaïste ». Le spectacle, toujours le spectacle. « La scène, c’est mon terrain naturel, en symbiose avec la vie. » Olé !