Il avait le goût de l’uniforme… et une tendresse pour ces policiers qui le lui rendaient bien. Au risque de quelques entorses au règlement
« On te ramène, Serge, mais tu gerbes pas dans la voiture. Sinon ça va me soûler » Raphaël V.
e matin-là, le gardien de la paix Raphaël V. a raté son train de banlieue. Nuiteux dans un commissariat parisien, le jeune policier terminait normalement son service à 6 h 30. Mais une mission officieuse l’avait détourné de sa route, lui et son chef de bord. À l’état-major de la préfecture de police de Paris, on appelait ça les missions Golf. Golf pour Gainsbourg Serge. La soirée terminée, l’artiste, à la posture éternellement rebelle, avait pris l’habitude de composer le 17 comme d’autres appellent la G7. Le préfet était au courant, la hiérarchie couvrait, mais il était inutile de laisserarrondissement. À une heure aussi tardive, la ville est calme et ces missions hors normes n’affectaient pas la lutte contre l’insécurité. Le gardien de la paix Raphaël V. a fait savoir à l’état-major qu’il était disponible, et il a discrètement chargé sur la banquette arrière de la Renault 18 break sérigraphiée celui que les policiers appelaient par son prénom.