Visualisez l’être vivant le plus simple qui soit : une toute petite cellule dotée d’un génome réduit au strict minimum, juste assez d’ADN pour fonctionner, c’est-à-dire tirer de l’énergie de son environnement afin de survivre puis se reproduire – bref, pour vivre, et puis c’est tout. Cet organisme minimal serait alors comme une page vierge de toute évolution. Maintenant, laissez-le quelques mois en culture… Ce petit être s’adapte-t-il, gagnet-il en vitalité ? Et, si oui, comment, à quel rythme, et par quelles mutations génétiques ? Ces questions fondamentales, une équipe américaine a réussi à les explorer dans une étude publiée cet été. Les yeux écarquillés, les chercheurs ont pu assister aux tout premiers pas de l’évolution.
Pour mieux comprendre cette prouesse, il faut remonter treize ans en arrière, quand, en 2010, l’équipe du sulfureux Craig Venter, biotechnologiste américain inventeur du séquençage génétique massif, annonce une petite révolution : la création d’un être vivant synthétique. L’équipe avait jeté son dévolu sur le cobaye parfait,, qui parasite notamment les intestins des chèvres et présente l’avantage en affiche 4 300 et l’humain 22 000. Une fois l’ADN de séquencé dans sa totalité, les chercheurs avaient alors réussi à le synthétiser en laboratoire, puis à l’introduire dans une enveloppe bactérienne vierge, préalablement vidée. La cellule obtenue, baptisée syn1.0, s’était mise à se diviser, donnant naissance à des cellules filles, qui s’étaient divisées à leur tour… Elle était vivante !