a fréquentation des églises décline inexorablement. Or, un édifice qui n’est pas régulièrement ventilé se dégrade. Et plus personne ne détecte alors les fissures ou les infiltrations d’eau. Les dégâts deviennent importants. La facture des travaux grimpe. Bien des communes jettent l’éponge. Au mieux, l’église est fermée pour des raisons de sécurité. Au pire, elle est démolie. Un drame. « Les habitants d’un village sont attachés à leur église, pas pour des questions religieuses, mais sociologiques et psychologiques, souligne le père Gautier Mornas, responsable du département Art sacré de la Conférence des évêques de France (CEF). C’est souvent le clocher de la commune qui figure sur le logo des entêtes des mairies. » Selon l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), 40 000 sur les quelque 42 500 édifices catholiques que compte notre territoire appartiennent aux collectivités publiques [lire l’encadré p. 37]. Abritant tableaux, statues, sculptures et autres œuvres d’art, l’église constitue en outre le premier musée de France, dont l’entrée est libre et gratuite. La valeur de notre patrimoine religieux n’est donc pas uniquement spirituelle, mais culturelle, artistique, estime toutefois Pierre Ouzoulias, sénateur des Hauts-de-Seine et co-rapporteur, avec Anne Ventalon, sénatrice de l’Ardèche, d’une mission d’information relative à l’état du patrimoine religieux. » Le dernier bilan, réalisé sous l’égide du ministère de la Culture, date de 1985; les seules données récentes à disposition sont celles du département Art sacré de la Conférence des évêques de France, qui a mené, en 2016, une grande enquête à laquelle 100 % des diocèses ont participé. « », annonce le père Gautier Mornas. De son côté, l’Observatoire du patrimoine religieux recense tous les édifices cultuels dégradés, menacés, vendus, transformés et démolis. Selon ses décomptes, 500 églises sont actuellement fermées (le culte n’y est plus célébré) et 2000 à 3000 sont abandonnées. Les ventes et les démolitions, en revanche, demeurent marginales. Dans son étude, la CEF répertorie 255 églises communales ou diocésaines désaffectées ou vendues depuis 1905, soit 0,6 % du total des églises et chapelles en France.
