LE DOSSIER
Lorsque l’on cite les grands du XXe siècle, elle vient toujours en second lieu: Proust évidemment, Céline incontestablement, Albert Cohen à la rigueur, et puis… et puis Duras, Colette,, un modèle indépassable. Son éducation solitaire et à moitié autodidacte en a fait une érudite dont la passion pour l’Antiquité n’était pas seulement intellectuelle – elle était charnelle et vivante. Son statut, à l’écart du monde des lettres et des avant-gardes, ne l’a pas empêchée d’imposer une originalité – sa littérature autobiographique devance bien des enquêtes littéraires contemporaines, bien des textes relevant de ce que nous appelons aujourd’hui la littérature du réel. Sa façon de vivre son homosexualité, non militante, lui fut reprochée, mais ses romans détruisent aussi par la raison et par l’exemple (Hadrien, Alexis) les arguments homophobes. Son écriture, capable d’épouser les complexités de la pensée alchimique dans , pouvait également adopter l’épure propre aux contes. Ajoutons que cette romancière apparaît née pourvue de tous ses attributs, comme la déesse Athéna: son premier roman témoigne d’une maîtrise du style classique et d’une clarté de vue qui ne semblent pas de son âge (26 ans). Mais elle n’était pas un médiatisable, comme le serait Françoise Sagan. Juste, déjà, une grande romancière qui finirait par s’imposer sans tapage, par son seul talent. par s’imposer sans tapage, par son seul talent.