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MARQUE-PAGE par Alexis Brocas

Écrire sur la bonté n’est pas facile: on a tôt fait de passer pour un ingénu, d’apparaître comme une version à plume du prince Mychkine dans de Dostoïevski. Alors louons, vaut pour intrigue: en 1923, alors que la collectivisation s’achève et que la famine persiste, l’officier Deïev doit transporter cinq cents orphelins de Kazan au Turkestan. Un mois et demi de voyage en train à travers la campagne affamée, les steppes, les déserts, à bord de la disparate en compagnie de gamins souvent malades, parfois vicieux, toujours d’une bouleversante ignorance. Pour veiller sur eux, le convoi emporte aussi Blanche, commissaire politique insupportablement rigoureuse mais pourvue d’un cœur du même modèle que celui de Deïev. Car ces deux serviteurs du régime éprouvés par la vie, et aux mains ensanglantées par la révolution pour Deïev, représentent deux versants de la bonté. À Deïev, l’idéalisme – qui le pousse à embarquer, de gare en gare, tous les petits vagabonds. À Blanche, le pragmatisme – qui la pousse à contester les initiatives de Deïev. Mais tous deux sont unis dans la même mission: sauver les enfants! Mille seconds rôles animeront le voyage et mille périls croiseront leur chemin; le choléra, la faim, l’épuisement les frapperont, mais la bonté les trouvera aussi, habillée en tchékiste ou en bandits cosaques… C’est avec bien des regrets, et une foi en l’homme renouvelée, que l’on quitte leur convoi.

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