« Quelle heure est–il ? » Rien de plus banal que cette question… Imaginez que vous la posiez au célèbre Isaac Newton, un jour qu’il n’était pas dans les pommes. Il vous aurait par exemple répondu :
— Il est 10 h 12, mon cher. Désirez–vous les secondes ? Clair, net et précis. Tandis que la même question posée au non moins célèbre Albert Einstein aurait, en substance, appelé la réponse suivante :
— Votre interrogation n’a pas de sens, mon vieux. Si on la prend au pied de la lettre, elle est même tout à fait saugrenue.
— … ?
— Oui ! À quoi bon vous donner l’heure précise si elle n’est plus la bonne au moment où vous l’entendez ?
— D’accord, j’ai compris, Monsieur Einstein, rétorquez–vous aussitôt (du moins l’auriez–vous fait si cette rencontre avait été possible). Le son met un certain temps à parvenir à mes oreilles. Si bien que l’heure, exacte au moment où vous me l’avez donnée, ne l’est plus quand je l’entends. Malin comme vous êtes, vous imaginez immédiatement une parade :
— Pouvez–vous, dans ce cas, me faire un geste quand il sera exactement 10 h 15 ?
— Certes, répond le grand Albert, mais cela ne résoudrait pas le problème. Car contrairement à ce que croyait ce regretté Newton, la lumière ne se déplace pas instantanément, elle a une vitesse finie d’environ 300 000 km/s. Vous ne verriez donc pas mon signal visuel, pile au moment où je m’agite. Vu que nous sommes séparés d’un mètre, il vous parviendrait avec un retard de 300 millionièmes de seconde. C’est énorme !
— Heu ! Tout est relatif, Monsieur Einstein…
— Ça, je ne vous le fais pas dire ! rétorque le maître en vous adressant un clin d’œil. N’empêche que les astronomes utilisent justement ce retard