Les Cahiers de Science & Vie

La grande démo cratisation

Jusque dans les années 1970, il est à peine exagéré de réduire les généalogistes amateurs à une poignée de notables en quête de légitimité, à un aréopage de nobles soucieux de se faire reluire la particule, assorti de quelques rats de bibliothèque férus de sceaux et de blasons. En moins de vingt ans pourtant, la généalogie, pratique élitiste au parfum de naphtaline, connaît un engouement croissant et se démocratise au point de devenir l’un des loisirs préférés des Français, juste après le jardinage et le bricolage. Selon une étude de 2022, 44 % – voire 58 % chez les plus de 65 ans – ont déjà effectué des recherches sur l’histoire de leur famille; 10 % s’y consacrent actuellement, dont les deux tiers au moins deux fois par mois. Loin d’être une mode, le phénomène s’est aujourd’hui durablement installé dans notre société.

FIÈVRE GÉNÉALOGIQUE

Tout commence il y a une cinquantaine d’années, lorsque les secrétaires de mairie et les conservateurs de dépôts d’archives s’affolent devant une importante recrudescence des consultations. Le grand public qui jusque-là se tenait soigneusement à l’écart de ces salles poussiéreuses et étriquées se met à les fréquenter et à manipuler sans vergogne – au grand dam des directeurs! – documents originaux et microfilms. Horreur! Car pour beaucoup à l’époque, ces néophytes sans formation ni méthode prennent la place de « vrais chercheurs » ! Devant estime Patricia Pillorger, présidente du Cercle généalogique de Touraine. Si la plupart de ces associations sont régionales, certaines d’entre elles sont fondées sur l’appartenance à un groupe professionnel, comme le cercle des PTT créé en 1979. Au même moment, une explosion d’ouvrages dédiés à la thématique concourt à la poussée de fièvre généalogique chez un public de tout âge, de tous milieux et de toute profession. Les lourds traités consacrés à l’héraldique et aux nobiliaires ont laissé la place aux guides et aux manuels pratiques écrits dans un premier temps pour un public de néophytes. Puis à partir des années 1990, des ouvrages plus spécialisés expliquent non pas le comment, mais le pourquoi de l’activité avec un souci de scientificité des recherches et abordent des sujets aussi pointus que l’onomastique ou la paléographie. Aujourd’hui, une flopée de livrets spécialisés ratisse toutes les niches possibles de la chasse aux aïeux : recherche d’un ancêtre forain, hongrois, postier, esclave ou combattant de la guerre de 1870… chaque lignée y trouve forcément son compte !

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