ACTE PREMIER : PREMIÈRES ESCARMOUCHES DEVANT CANTON
Les hostilités commencent avant même que Londres ne dépêche une escadre – lenteur des communications oblige, un classique dans les guerres lointaines jusqu’à la généralisation progressive des liaisons télégraphiques, puis radio à la fin du XIXe siècle. À l’été 1839, après la fermeture des comptoirs de Canton, une flottille d’une petite cinquantaine de navires, marchands pour l’essentiel, mouille devant l’île de Hong Kong, rocher alors incapable de nourrir les équipages et les marchands évacués. Le superintendant Elliot n’a pour assurer leur protection qu’une corvette, le HMS Volage (28 canons), et les deux cotres HMS Louisa et HMS Pearl, tous à voile.
La question du ravitaillement de Hong Kong devient rapidement problématique : Lin prend prétexte d’une rixe mortelle entre Chinois et marins britanniques le 7 juillet à Macao pour interdire aux seconds toute descente à terre et prohiber la vente de provisions aux étrangers. et devant Kowloon, sur le continent face à Hong Kong, pour exiger des vivres. Quand trois jonques armées interceptent les cotres, Elliot fait ouvrir le feu. Les forts côtiers ripostent alors et poussent les Britanniques à s’éloigner. Croyant prendre l’avantage, les jonques les poursuivent et le combat un temps interrompu reprend, presque à bout portant. Les canons britanniques tirent à mitraille et infligent des pertes importantes – ce qui n’empêche pas les Chinois de crier victoire ! En réalité, cette escarmouche indécise ne fait qu’accroître les tensions, tandis que le 18 octobre Palmerston anticipe le vote du parlement et prévient Elliot qu’il lui dépêche une escadre et des troupes.