CALABRE
VILLÉGIATURE 1920
PIÈCES FORTES
RENCONTRES DE STYLES
VISION D'ESTHÈTE
CONTRASTES
À L'ÉTAT BRUT
Comment transformer une maison de famille sans en gommer la mémoire? L'héritage d'un patrimoine oblige parfois des décisions sensibles. Un sujet majeur dans la rénovation de cette villa marquée par le choix de préserver ses souvenirs et ses murs à, souligne l'architecte. Intervenir par l'apport de pièces de design iconiques tout en se servant de cette toile de fond existante comme d'un tableau vivant, en sera le préambule. Peintures écaillées, plafonds abîmés, papiers peints oubliés, couleurs fanées… Peu importent leurs états et leurs aspects désuets, ils forment désormais le point d'ancrage du nouveau décor. Recycler les traces du temps, et faire de ces accidents une valeur rajoutée, devient la gageure principale de la transformation. Ainsi, les reprises de plâtre sont laissées apparentes, un décor de plafond est maintenu en partie dénudé au premier étage ou encore les carreaux en béton de l'ancien garage dessinent le sol d'une chambre. L'électricité, d'époque, nécessitera une rénovation obligatoire, celle-ci est envisagée sur le même principe. À l'ancienne, Stefano Trapani équipe l'intégralité de la maison de fils en passementerie qu'ils laissent apparents et d'interrupteurs en céramique, afin de préserver les murs intacts. Il crée une douche dans une cabine en verre sur un sol en terrazzo dans la continuité du pavage existant. Dans ce paysage, l'arrivée d'un design choisi, autour de pièces marquantes et symboliques, nourrissent les rencontres d'époques. Patricia Urquiola, Pierro Lissoni, Philippe Starck et, dans un registre plus reculé, Marcel Breuer, Paolo Rizzatto, Vico Magistretti… s'associent naturellement, librement. Les éditeurs Capellini, Driade, Artemide, Flos, Kartell, Knoll… s'invitent dans le décor avec évidence. Sans confrontations, le mobilier contemporain et l'histoire dialoguent et se mettent en valeur, jouant sur les variations de formes, de tonalités, de textures. Les contrastes de couleurs pop, les lignes radicales d'une chaise, la surface d'un tabouret en miroir froissé, la présence d'un lit à baldaquin en métal blanc, pimentent, électrisent l'ensemble. Les œuvres d'art prolongent le récit visuel. À l'occasion de ce projet, l'architecte Stefano Trapani – représenté en France par Isabelle Bourgeois – habituellement adepte des tons neutres, des variations en blanc, et des choix minimalistes, dévoile ici une autre facette. Avec un pied à Paris, un autre dans le Sud de l'Italie, l'invitation à croiser les chemins et les histoires est une promesse de perpétuels réenchantements. Stefano Trapani sera l'invité d'honneur de Moderne Art Fair, à Paris, du 19 au 22 octobre prochain.