LE DOSSIER • LES ÉCRIVAINS ET LEURS PSEUDONYMES
En France, beaucoup d'écrivains recourent au pseudonyme. L'opération est légale. Quête identitaire, volonté de séparer la vie privée de la vie publique, voire de protéger sa famille: les raisons sont diverses. Elles éclairent en tout cas autant l'œuvre que la personnalité de l'auteur, révélant tantôt son admiration pour un écrivain, tantôt une faille intime.
GRACQ BROUILLE LES PISTES
Venu à l'écriture tardivement, Louis Poirier [s] [s] ». Le changement intervient en 1937 alors que le normalien, né en 1910 dans le Maine-et-Loire, écrit son premier roman, . Refusé par la NRF, le manuscrit sera publié par José Corti, précédé d'un avis aux lecteurs rédigé par l'auteur lui-même dans le but de « ». Le romancier aura choisi ses nom et prénom avec la contrainte qu'ils forment trois syllabes seulement et contiennent des sonorités agréables à son oreille. Aussi, le prénom est sans doute un hommage à Julien Sorel: en effet, la lecture du de Stendhal a profondément marqué l'auteur du , alors qu'il est interne au lycée Georges-Clemenceau à Nantes. Enfin, le nom de famille pourrait faire référence aux Gracques de l'histoire romaine, ces deux frères connus pour avoir tenté de réformer le système social romain. Mais peut-être que tout cela n'est qu'une question d'esthétique.