Chef d’orchestre et écrivain, assistant, collaborateur et familier d’Igor Stravinsky à partir de 1948, l’Américain Robert Craft (1923-2015) a inlassablement défendu la musique la plus prospective de son temps. A une époque où celle-ci, pratiquement bannie des salles de concert, n’était dirigée que par une poignée de) permettait de pointer les qualités et les défauts du chef: oeuvres orchestrales plutôt réussies, pages vocales et chorales en deçà de ce qui a été réalisé depuis dans ce répertoire. La vaste anthologie – une quasi-intégrale – des oeuvres instrumentales, vocales et chorales de Schönberg, par exemple, ne peut se comparer à celle gravée par Boulez pour le même éditeur. De même, on aura beau jeu d’opposer la splendeur d’interprétations ultérieures (signées Karajan, Abbado, Dohnanyi ou Sinopoli) au refus de Craft d’assumer chez Berg et Schönberg leur climat émotionnel et leur filiation postromantique. Mais ailleurs, le sévère et raide artisanat, la sécheresse analytique du chef américain peuvent créer de savoureuses collisions et susciter d’étonnantes redécouvertes. On ne saurait à cet égard trop conseiller d’écouter en priorité les CD regroupant de Boulez et de Stockhausen, les de Berg (avec Bethany Beardslee), les de Webern et les de Schönberg, avec le Columbia Symphony, ou encore la de Schönberg avec le Columbia Ensemble et ses essentielles avec le CBC Symphony. Ces versions aiguisées, tranchantes comme l’acier, ont-elles pris la moindre ride?
THE SERVANT
Jun 22, 2023
2 minutes
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