Nous connaissons tous vos photos d’événements historiques ou de personnages célèbres, de Sean Connery aux Beatles. Ce sont de vrais classiques. J’ai sous les yeux votre livre The 1960s, qui ressemble plus à une suite de récits factuels illustrés par des images. Il est intéressant de comparer les deux ouvrages, car ce nouveau livre se concentre davantage sur des images moins connues d’anonymes du monde entier, et l’on ne trouve leurs légendes succinctes qu’en fin d’ouvrage. Le contexte et les faits semblent ici moins importants que l’humanité qui se dégage des images. Quels ont été les critères de sélection des photos ? Quelles qualités recherchiez-vous ?
La réalité, c’est que j’ai toujours considéré la photographie comme mon travail, et donc j’avais besoin de gagner ma vie avec. Le moyen le plus simple de gagner sa vie dans la photographie est, en gros, de travailler de manière un peu plus commerciale. J’ai ainsi travaillé sur des tournages de films, sur des personnalités, et j’espère que le livre sur les années 1960 montre que je l’ai fait assez bien. Mais à vrai dire, le genre de photos que j’ai vraiment aimé faire consistait essentiellement à parcourir le monde et à simplement enregistrer des scènes qui d’une certaine manière m’intéressaient sur un plan plus émotionnel. Même si beaucoup de ce que j’appellerais “mes meilleures photos” sont en fait issues de reportages – par exemple, j’ai photographié le dernier Bal des débutantes –, chaque fois que je partais couvrir un sujet comme celui-ci, j’espérais toujours obtenir au moins une image plus vivante, qui aurait en quelque sorte un peu plus pour elle que de simplement faire partie d’une commande commerciale. Et ce nouveau livre, ce sont essentiellement les photos que je pense compter parmi les plus intéressantes. La première chose, c’est que les images sont toutes prises sur le vif : rien n’est trafiqué ou provoqué. Il s’agit donc d’un ensemble de