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RENDEZ-VOUS

le réalisateur: BENJAMIN MILLEPIED

Son premier long-métrage, CARMEN, est une superbe démonstration tant filmique que CHORÉGRAPHIQUE. Passionnément HYPERACTIF, cet artiste complet livre les clés de son INSPIRATION.

À quand remonte ce désir d’adapter un opéra monument tel que Carmen?

L’ayant découverte à la télévision étant petit, cette histoire a habité mon enfance. Dans les années 2000, quand j’habitais à New York, je tournais des films de danse, pratiquais la photo et rêvais de faire un film… tout en travaillant sur la version de West Side Story par Jerome Robbins. J’ai alors commencé à imaginer ce que pouvait donner une réinvention de Carmen.

Sans éluder ce qui transparaissait dans le Carmen de Georges Bizet: l’homme raisonnable qui perd la tête, la foule avide de combats… et l’audace du personnage féminin!

En effet, je souhaitais conserver l’essence du flamboyant personnage de Carmen, mais aussi qu’elle soit capable d’aimer et d’être aimée. Dans l’opéra de Bizet, les hommes veulent tous la posséder et elle paie cher sa soif de liberté. On la punit, on la tue… Cette maltraitance de la femme, je n’en voulais pas.

La volonté de sortir la femme du carcan des ballets, vous l’avez toujours porté en vous?

Elle est liée à mon expérience familiale, au vécu de ma mère, aux injustices commises par les hommes. C’est ce qui dirige ma sensibilité depuis toujours. Avec ce premier long-métrage, je désirais largement explorer ce que Carmen pouvait créer par son énergie, sa danse, l’amour pour sa mère, sa tante de cœur Masilda, magistralement incarnée par Rossy de Palma. Et pour ce soldat américain, Aidan, qui la porte à la vie alors que Carmen le conduit à la mort. En observant les corps, on apprend à lire les personnes, les situations, la vie…

En effet, dans Carmen, il s’agit de raconter ce récit au travers d’une jeune femme qui migre du Mexique aux États-Unis…

J’ai vécu à Los Angeles pendant dix ans. Même de loin, j’ai constaté le quotidien de la migration, des sans-papiers qui ont traversé le désert et qu’on emprisonne, ces milliers d’enfants qui subissent des situations éprouvantes… Il y a également ces hommes qui reviennent de la guerre totalement détruits, abandonnés à euxmêmes. Ces problématiques américaines sont extrêmement troublantes.

Votre vision affranchie et engagée de la danse, c’est votre mère qui vous l’a

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