Gisele vient de découvrir ce petit rouge-gorge immobile, niché sur un canapé blanc de sa terrasse. L’air dépitée, elle saisit l’oiseau avec la délicatesse d’une princesse Disney, en faisant bien attention à sa patte abîmée.
« Tu vas bien ? » demande-t-elle à l’oiseau. Elle caresse la tête de l’animal de l’index, élégante, en faisant comme elle dit « un peu de reiki », cette méthode holistique de transfert d’énergie et de guérison par le toucher. Elle en fait aussi avec ses enfants, Benjamin Rein, 13 ans, et Vivian Lake, 10 ans. « Il a fait une petite crotte », remarque-t-elle. Le rouge-gorge a sali l’un des coussins immaculés, mais elle s’en fiche, elle est uniquement préoccupée par son état de santé. Elle appelle le concierge de sa maison, Victor, en espérant qu’il puisse l’emmener d’urgence chez un vétérinaire, et lui verse de l’eau dans le bec à l’aide d’un porte-encens transformé en mangeoire de fortune. « J’ai peur qu’il meure s’il reste comme ça », s’inquiète-t-elle. À ce moment-là, l’oiseau tressaille. « Peut-être va-t-il s’envoler », murmure Gisele.
Elle dit communiquer régulièrement avec les oiseaux, les écureuils et les papillons. Autour d’elle, la « symphonie de la nature » du Costa Rica : bourdonnement d’insectes, cris de perroquets et hurlements de singes semblables au rugissement des lions ; la proximité est accentuée par le fait qu’un mur de sa petite maison est entièrement escamotable. « J’ai trouvé un colibri au bord de l’océan un jour où je me promenais avec les chiens... » explique-t-elle.
Tout à coup, le rouge-gorge bat des ailes et s’envole de ses mains vers le sommet de la colline. Nous sommes stupéfaites. Soit sa patte cassée a miraculeusement guéri, soit la Brésilienne est une véritable sorcière : « C’est un présage », s’exclame-telle, les yeux écarquillés. Nous cherchons à comprendre comment l’oiseau a pu se rétablir. « Il avait besoin de se soulager. » Mais en cet instant précis, un oiseau blessé qui reprend son envol, Gisele ne peut le voir que comme une métaphore de sa propre vie.
« Je ne veux pas de limites », m’a-t-elle confié lors d’une de nos nombreuses conversations pendant ces deux jours passés chez elle. « Je veux déployer mes ailes et voler. » Elle poursuit : « On fait de notre mieux pour que notre rêve se réalise. On se donne à 100 % et quand, malgré nos efforts, ça ne se termine pas comme on l’espérait, ça nous brise le cœur mais il n’y a plus rien à faire. »
Nul n’ignore les décisions que la star des podiums des années 2000 a prises concernant sa vie de famille et sa carrière : pendant la plus grande partie de son union avec le footballeur américain Tom Brady, celle qui a longtemps été la mannequin la mieux payée au monde a mis sa carrière en sourdine au profit de celle de son mari. Elle a cessé de défiler en 2015 et, quelques années plus tard, a quitté Boston, où elle vivait depuis longtemps, pour s’installer en Floride. « Je n’avais jamais mis les pieds à Tampa, me dit-elle. Je m’y suis installée et voilà, ma vie s’est poursuivie ici. »
Le besoin de se consacrer à son rôle d’épouse et de mère organisé par leur ami commun Ed Razek, ancien responsable marketing de la maison mère de Victoria’s Secret et instigateur très critiqué de ses « Anges ». Dès que la jeune femme l’a aperçu au bar à vins Turks & Frogs de West Village, elle a « tout de suite su », confiait-elle à notre magazine en 2009.