Nature, le mot fait presque tache, comme un reproche que nous pourrions nous faire. À force de l’utiliser, on aurait pu le démoder, le galvauder. Pourtant, « nature » garde son pouvoir hypnotique, tel un traceur de notre époque. Il dit tout de nous… Ainsi, en Champagne, lorsqu’on avance le mot « nature », on croit entendre un soupir de soulagement car ça y est, non seulement la plupart des maisons se sentent armées pour le propos, mais sur le terrain les haies reviennent, le sol s’aère, les arbres repoussent. Sur le domaine de Taissy et ses 40 hectares, propriété de la maison Ruinart, la jeune œnologue Louise Bryden a bien compris que sa, analyse-t-elle Ruinart est en plein dans ce grand revirement amorcé il y a plusieurs années déjà avec la plantation, entre 2021 et 2023, de près de 20 000 arbres et arbustes sur 4,5 kilomètres de haies et 20 ares d’îlots, à laquelle s’ajoutera l’insertion d’une haie intraparcellaire de près de 450 mètres au milieu des rangs, divisant en deux une parcelle de 20 hectares. Le long de la route, c’est une allée de chênes qui s’épanouira afin de répondre à la fois aux règles d’urbanisme et aux contraintes de conduite du vignoble. Symbole de ce changement de cap, pour la première fois en vingt ans, Ruinart va sortir une nouvelle cuvée consacrant non pas le « savoir-faire » mais le « savoir-(re)faire ».
