PRÉAMBULE

Michel Houellebecq soigne son image. Au point, parfois, de prendre quelques libertés avec la vérité. Il en a le droit : tout un chacun rafistole son moi sur les réseaux sociaux ou arrange son curriculum vitæ. Et puis Houellebecq. Qui est-il vraiment, d’où vient-il ? Qu’étaient sa famille, son travail avant qu’il ne devienne écrivain à succès ? Mille visages, et nous en avons ajouté un autre. Les photos qui illustrent le sujet ne sont pas de Philippe Matsas, qui depuis des années tire le portait de l’auteur. Elles sont signées Midjourney : un logiciel d’intelligence artificielle capable d’inventer, de « générer » des images. Cette IA a produit pixel par pixel la dizaine de clichés que vous découvrez sur la couverture et dans les pages 44 à 47 du JDD Magazine. Pour en arriver là, nous avons fourni des indications à Midjourney : ce qu’on appelle un « prompt ». Puis, en se nourrissant de bases de données photographiques de l’écrivain, elle a décomposé les images, les a brouillées et, en partant de ce « bruit » – nom technique de ce qui résulte de ce processus –, a reconstitué un Michel Houellebecq qui n’est assurément pas lui, mais un autre pas si différent que ça de l’écrivain. Vous découvrirez ainsi les extraordinaires (mais inquiétantes) possibilités qu’offre cette technologie. Ainsi que les limites de la création d’une image. Dans un champ de fleurs, sur une plage, attablé devant des plateaux de pommes, un sac plastique à la main… Notre Michel Houellebecq n’en reste pas moins ce qu’il est vraiment : un homme mystérieux, un Zarathoustra des classes moyennes et d’une société qui se cherche, qui ne se comprend et ne s’accepte plus. Un homme qui ne cesse de nous alerter et d’annoncer mille périls qui, un jour peut-être, frapperont à notre porte.