Comment est venue l’idée d’ouvrir un espace consacré à la parole?
Le point de départ, c’est le constat de la dégradation de la parole avec un certain nombre de crises, de sonnettes d’alarme successives. Aujourd’hui, on observe tout à la fois une prolifération et une détérioration de la parole: on parle de plus en plus, on se parle de moins en moins. La parole est dévaluée précisément parce que pléthorique dans son volume et souvent lapidaire dans sa forme, envoyée à l’autre à travers un pilonnage. De la sorte, elle dégrade celui qui la porte comme celui qui la reçoit. On a pu l’observer récemment en France à l’Assemblée nationale, dans un lieu censé réunir des représentants parlementaires eux-mêmes censés porter la parole collective au plus haut.
Vous y voyez donc un enjeu qu’on dirait de bien public?
Oui, c’est un enjeu essentiel, citoyen, social, politique. Et transversal, en ce sens qu’il traverse toutes les dimensions individuelles et collectives. Je