annonce Isabel Hébert, cofondatrice de La Ressourcerie du cinéma, Des tas de matériaux variés regroupés, un petit coin électroménager, une collection de chaises sur la mezzanine, un assortiment de grilles ou encore des objets de décoration en plâtre. La particularité de cette ressourcerie-là est qu’elle est alimentée par les rebuts issus du secteur de l’audiovisuel français, principalement le cinéma et les séries.. Créée en novembre 2020 par Jean-Roch Bonnin, accessoiriste, Isabel Hébert, chargée de production, et Karine d’Orlan de Polignac, spécialiste du traitement des déchets, l’association propose à la location et à la vente les décors récupérés sur les plateaux et sauvés de la décharge. La Ressourcerie lance son activité à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) dans un local de 400 m2. À peine un an plus tard, elle déménage à Montreuil dans le bel ensemble industriel Mozinor et triple sa capacité de stockage. confirme Isabel Hébert. L’Île-de-France concentre à elle seule 80% de la production cinématographique nationale. En moyenne, les décors d’un film ou d’une série tournés en studio représentent 15 tonnes de rebuts. explique Karine d’Orlan de Polignac. À ce jour, l’association, qui compte sept personnes, dont quatre salariés, a recueilli plus de 200 tonnes en deux ans soit près de 10 000 éléments. Parmi ces derniers, les plus courants sont les « feuilles décors », ces panneaux en bois sur lesquels on vient représenter le décor. explique Isabel Hébert. Un pan de façade entier leur est consacré à l’intérieur. Murs en fausses briques, ou de style haussmannien, avec ou sans fenêtres… ces panneaux cristallisent toute l’essence de la grande illusion du septième art. poursuit Isabel Hébert. L’industrie a pourtant développé des usages contraires. Fabriquer à chaque fois de nouveaux décors et les jeter ensuite était plus avantageux économiquement que de s’embarrasser des problématiques de stockage. La période du Covid-19 a toutefois commencé à enrayer cet écosystème bien rodé, car le bois est devenu une matière coûteuse. En deux ans, son prix a augmenté de 40%! explique Isabelle Hébert. L’association s’efforce également de diversifier les flux de sortie en allant chercher des clients dans d’autres secteurs, comme les (jeux très en vogue qui consistent à s’échapper d’une pièce en résolvant des épreuves ou des énigmes) ou encore l’architecture. Les premiers sont ravis de récupérer des univers entiers et les seconds expérimentent l’utilisation de feuilles décors dans leur pratique. Les bureaux de La Ressourcerie servent d’ailleurs de prototypes en la matière. Celle-ci fait ainsi partie d’un ensemble d’initiatives, certes souvent méconnues, mais essentielles à l’édifice du recyclage et du septième art.
Le décor recycle l’usine à rêves
May 12, 2023
2 minutes
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits