POUR
« UNE PLUME HABITÉE »
Après avoir clos son « cycle du mal » avec puis exploré le procèssus créatif de l’écrivain dans son roman Franck Bouysse prend le large pour nous conduire outre-Atlantique, parmi des Peaux-Rouges dont la population se réduit comme peau il est encore question de filiation trouble, de perversion, de symbiose avec la nature et les animaux, pour ne citer que ces ingrédients bien bouysséens. Dans une réserve imaginaire du Montana, Eden Creek, Elias est élevé par un couple de la tribu des Rêveurs. Il apprend que ses parents biologiques, des Français, ont vécu ici en parfaite harmonie avec les Indiens. Cap sur la France, où se poursuit le conte initiatique aux procédés narratifs défiant toute tentative d’explication trop intellectualisante. C’est que Franck Bouysse a toujours laissé courir sa plume habitée sans rien préméditer, partant d’une image inaugurale qui le happe: ici, des autochtones tentent de fuir l’armée d’Amérique, tombent les uns après les autres dans la neige. Et l’animal totem est cette fois-ci le loup, dont Elias tient sa force depuis une scène sublime de télépathie avec l’un de ces gros canidés spirituels. Une télépathie que le lecteur partage, car notre écrivain-sorcier appelle à ce qu’il y a de plus instinctif en nous.