ne odeur âcre se répand au milieu du folklore de la manifestation syndicale. Du plastique brûlé. Une poubelle a pris feu boulevard du Montparnasse, à Paris. Quelques mètres plus loin, les forces de l’ordre tentent d’éteindre le petit incendie qui lèche la vitrine de la brasserie la Rotonde. « Ça ne prend pas », s’exclame à regret Timothée*. Pour se consoler, le trentenaire prend une gorgée de bière, tire sur son joint, et se frotte des yeux embués par les gaz lacrymogènes. « Je suis fiché S pour extrême gauchisme », sourit-il. A ses côtés, Thomas*, la quarantaine, a la colère plus froide. Cet ancien gilet jaune, travailleur dans le bâtiment, se dit « dégoûté de tout », et particulièrement de la réforme des retraites, contre laquelle il est venu manifester, ce jeudi 6 avril. « Je n’avais jamais voté avant cette élection. Je l’ai fait parce que je voulais éviter Le Pen, enchaîne-t-il. Mais ça ne sert à rien. » L’homme a couvert son visage d’une écharpe noire, pour empêcher la police de relever son identité pendant qu’il lance des projectiles. Dans leurs dos, des individus vêtus de K-Way noirs, de lunettes de plongée, le visage mangé par des cagoules, avancent
L’insaisissable percée de l’ultragauche française
Apr 13, 2023
7 minutes
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