Rolling Stone France

CANAL HISTORIQUE

Depeche Mode

Memento Mori

COLUMBIA

★★★★

e retour inespéré a un goût de madeleine de Proust saveur “synth pop”. Exit les guitares blues-rock crasseuses, c’est le retour aux fondamentaux pour le groupe: les machines… et leur illustre noirceur gothique teintée de mélancolie. Un Depeche n’est pas seulement un bonbon de cold wave pour quadras et quinqua nostalgiques ou puristes “modiens”. Il arrive à point nommé en plein revival 80’s: musique, mode, déco, mais aussi séries Netflix et consorts, tous les secteurs reprennent les codes et l’esthétique des années qui ont vu émerger DM. Leur hit “Never Let Me Down Again” (1987) a fait récemment son come-back dans les charts grâce à . Après quarante ans de carrière, le groupe culte de la génération X, émerge enfin dans le Shazam de la Gen Z. Alors oui, ce nouvel opus a un petit air de “déjà entendu”, héritage totalement assumé, mais il est aussi définitivement ancré dans la modernité grâce à la production de James Ford (Arctic Monkeys, Foals, Gorillaz…) et Marta Salogni (Björk, Animal Collective…). offre une cohérence musicale qu’on n’avait pas entendue depuis de la chanson d’ouverture, dark à souhait (“My Cosmos is Mine”), mantra incantatoire signé par un Gore en proie à ses angoisses face aux tumultes du monde, ponctuée de chœurs fantomatiques, à “Speak to Me” qui le clôture par un gospel moderne, où nappes de claviers et d’orgue atmosphériques portent la prière à l’univers d’un Gahan presque apaisé. Les arrangements épurés offrent un terrain de jeu idéal à la voix de baryton de Gahan, vieillie comme un bon cru: plus confiante, profonde et tannique, loin du petit minot de “Just Can’t Get Enough”! Elle s’affiche même elvisienne dans la complainte langoureuse “Don’t Say You Love Me”. Gahan et Gore nous invitent à un voyage sonique et lyrique entre la vie et la mort: lignes de basses groovy et entêtantes (“People are Good”, “Never Let Me Go”), parsemées de riffs de guitare en distorsion (“My Favourite Stranger”), boucles électroniques obsédantes (“Before We Drown”), rythmes lancinants et hypnotiques (“Don’t Say You Love Me”), parfois simple battement de cœur (“Always You”), riffs de claviers rétro (“Wagging Tongue”), mélodies accrocheuses et entraînantes (“Ghosts Again”, “Caroline’s Monkey”), influences jazzy et électro en clair-obscur pour le traditionnel titre chanté par Gore (“Soul With Me”). Une ambiance intimiste portée par la puissance évocatrice des textes de Gore, qui semblent taillés sur mesure pour un Gahan jouant de sa propre dualité (“My Favourite Stranger”) ou parfois ne s’adressant qu’à son ami disparu (“Always You”). se révèle comme un album à la fois profondément personnel, un témoin d’une quête de résilience d’un duo endeuillé dont la portée s’avère immensément universelle, nous rappelant que l’issue est la même pour tous. Et qu’il est urgent de vivre.

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