Sur la scène dépouillée du théâtre des Abbesses(3), Ludivine Sagnier est V., 14 ans, une adolescente tombée sous l’emprise de G., 50 ans, un écrivain, pédophile notoire, protégé par un microcosme littéraire aveuglé par sa célébrité. Avec sensibilité et intensité, sans aucun pathos, la comédienne fait résonner les mots de Vanessa Springora devant un public subjugué. On saisit la puissance littéraire de son texte, dont la publication en janvier 2020 provoqua une déflagration dans la société française. « Vanessa a aidé la parole à se libérer, explique Ludivine Sagnier. Elle a été un des piliers de #MeToo, mais Le Consentement n’est pas qu’un témoignage, c’est l’œuvre d’une écrivaine. Elle a validé l’adaptation de la pièce et nous a fait une confiance aveugle. Elle m’impressionne par son intelligence, sa résilience et son humour aussi. À la fin du spec- tacle, des hommes, des bourgeois parisiens, septuagénaires, me disent: “Je ne savais pas. Ce soir, on est face à notre honte.” Une honte sociétale dont ils prennent conscience. Je lui suis très reconnaissante de me donner la possibilité de me battre à ses côtés. Éditrice, elle se met au service de textes écrits par d’autres femmes. Elle est une passeuse de relais. »
Au Café Livres, au pied de la tour Saint-Jacques où elle(4) Gueule d’ange.