Tout commence avec Le Passager du Polarlys… Ou presque. C'est le premier des 117 « romans durs » écrits par Georges Simenon , un ensemble ainsi labellisé ». Simenon se colle au texte à l'été 1930. Polarlys est prépublié dans le journal sous le pseudonyme de Georges Sim entre novembre et décembre 1930, et sortira en librairies en 1932, après la publication du écrit entre-temps. L'intrigue est un huis clos, ou quasi, situé dans un cargo dans lequel un conseiller de la police est retrouvé assassiné; les passagers sont suspectés par le capitaine, seul maître à bord, et plus ou moins liés à un autre meurtre, celui d'une jeune Française à Paris. Jusque-là, Simenon avait écrit sous différents pseudos et surtout arpenté le monde comme journaliste-reporter. On retrouve ici son goût pour les voyages, les ports – Hambourg, Bergen, Trondheim… – et ces moments suspendus où une vie bascule. José-Louis Bocquet a pris à bras-le-corps le texte original pour en sortir la substance des dialogues, et Christian Cailleaux s'est attaché à l'ambiance simenonienne en un beau dessin au trait un peu épais et sombre, aux couleurs froides, qui s'inscrivent dans des cadrages frontaux et simples. Le temps se fige tout à coup, pris dans les glaces des pulsions humaines.
