LA VIE D’APRÈS
Sur le visage, on lit d’abord une forme de gourmandise. Puis une petite flamme d’excitation joyeuse, lointaine réminiscence d’un plaisir enfantin, illumine un regard noir, déterminé. Ce lundi 13 mars, à l’heure de pointe, Jean Castex remonte à grandes enjambées le quai de la station de métro « Mairie de Saint-Ouen » sur la ligne 13, une des plus chargées du réseau parisien. Fendant la cohue, une poignée de conseillers à la remorque, pas question de rater le coche. Alors que le métro s’immobilise, l’ex-Premier ministre toque à la vitre du conducteur et s’engouffre prestement dans la cabine, sa grande carcasse pliée en deux. « Bonjour ! Vous travaillez depuis combien de temps sur cette ligne ? », demande-t-il. « Et avant, vous faisiez quoi ? Et vous habitez où ? Et c’est quoi, vos soucis du quotidien ? » A chaque réponse, Castex opine du chef, s’enthousiasme du sang-froid du conducteur, surveille sur l’écran de contrôle la foule amassée sur le quai, avant que le métro ne redémarre. Dans son costume de patron de la RATP, enfilé il y maintenant quatre mois, Jean Castex est sur le terrain.
La filiation est évidente et savamment cultivée. Il y a une pointe de Chirac dans Castex. Alors que l’ancien président de la République caressait le cul des vaches au Salon de l’agriculture, Jean Castex, lui, tâte les pneus des